Manifestation à Caen contre la Réforme du « Choc des Savoirs » et les Suppressions de Classes

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Le 5 avril 2024, un rassemblement d’environ une centaine de personnes a eu lieu devant le rectorat de l’académie de Normandie, situé à Caen, dans le Calvados. Cet événement a été organisé par une intersyndicale regroupant la CGT Educ’Action, la FNEC-FO-FP, la FSU et Sud Éducation. Les manifestants ont exprimé leur mécontentement face à la réforme du Choc des savoirs au collège, qui doit être mise en œuvre dès la rentrée de septembre 2024. Ce rassemblement s’inscrit dans une dynamique de résistance collective contre une réforme jugée inappropriée et potentiellement préjudiciable à la qualité de l’enseignement dans le collège public français.
Contestation de la Réforme du Choc des Savoirs
La réforme du Choc des savoirs consiste en la mise en place de groupes de niveaux pour les matières de français et de mathématiques, à destination des élèves de 6e et 5e. L’objectif affiché par le gouvernement est de mieux adapter les parcours des élèves aux niveaux de compétence, mais cette réforme suscite un large désaveu parmi les enseignants et les syndicats.
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Les manifestants ont exprimé leur opposition à ce projet, qu’ils considèrent comme une stratification sociale de l’enseignement. Sylvain, professeur de Sciences de la vie et de la Terre (SVT), a pris la parole lors de la manifestation pour dénoncer ce qu’il appelle un “tri social” au sein du collège. Selon lui, cette mesure va accentuer les inégalités scolaires et favoriser une logique de compartimentation des élèves, en fonction de leur niveau, plutôt que de leur offrir une éducation inclusive et équitable.
Les critiques se sont concentrées sur la méthode choisie pour organiser ces groupes. Beaucoup d’enseignants craignent que cette réforme, loin de favoriser l’égalité des chances, conduise à une accentuation de la ségrégation sociale au sein même des établissements scolaires. En répartissant les élèves par groupes de niveaux, il y a un risque, selon les enseignants, de creuser davantage les écarts de performance entre les élèves issus de milieux socio-économiques différents, renforçant ainsi les discriminations qui existent déjà dans le système scolaire français.
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De plus, les enseignants de différentes disciplines soulignent qu’une telle organisation va entraîner un manque de moyens pour des matières déjà fragilisées. Par exemple, Sylvain, professeur de SVT, a mis en avant que l’introduction de groupes de niveaux en français et en mathématiques dans les classes de 6e et 5e, bien que l’objectif soit noble, risquait de créer des déséquilibres dans les autres matières. Cela pourrait aboutir à une réduction des dédoublements dans des disciplines comme les sciences, l’histoire-géographie ou encore les langues étrangères, et par conséquent affecter la qualité de l’enseignement dans ces matières.
Les enseignants estiment également que cette mesure, qui implique de réorganiser les classes, nécessitera un renforcement considérable des effectifs pédagogiques et des moyens matériels, ce qui, selon eux, ne semble pas être au programme. Dans la réalité, les dédoublements et les ajustements ne pourront probablement pas être appliqués de manière équitable, rendant la mesure inefficace voire nuisible pour les élèves.
Préoccupations concernant la Carte Scolaire
En plus de la réforme du Choc des savoirs, les manifestants ont exprimé une grande inquiétude concernant une autre réforme : la révision de la carte scolaire pour l’année 2024-2025. Lors de la manifestation, il a été question de la suppression potentielle de 77 classes dans les écoles du Calvados, une mesure qui aurait un impact particulièrement sévère sur les établissements scolaires des zones rurales et périurbaines.
Les enseignants, les parents d’élèves et les responsables syndicaux craignent que cette révision de la carte scolaire entraîne une augmentation des effectifs par classe, ce qui pourrait sacrifier la qualité de l’enseignement dans certaines zones déjà fragiles. En particulier, la fermeture de classes dans des écoles du Calvados, comme celle de la commune de Gimerville, serait catastrophique pour les élèves des quartiers défavorisés, qui bénéficieront moins d’attention et d’un suivi personnalisé.
Lors du Conseil Départemental de l’Éducation Nationale (CDEN), prévu à 16 h 30, les syndicats et les représentants des écoles ont présenté leurs revendications concernant la carte scolaire. Le CDEN est chargé de définir les affectations des élèves et de décider des ouvertures et fermetures de classes pour l’année scolaire 2024-2025. Les syndicats ont exprimé leur désaveu face à la manière dont cette révision de la carte scolaire est menée, arguant qu’elle se fait au détriment des zones les plus fragiles, et qu’elle ne prend pas suffisamment en compte l’évolution démographique et les besoins spécifiques des élèves dans certaines zones.
Les parents d’élèves et les associations locales, telles que l’APEL (Association des Parents d’Élèves de l’Enseignement Libre), ont également rejoint la mobilisation pour protester contre la suppression de classes et la mise en place de classes surchargées. Ces fermetures de classes risquent de mettre en péril l’accès à une éducation de qualité pour les élèves vivant dans des zones d’éducation prioritaire (ZEP) ou des quartiers sensibles.
Les représentants syndicaux ont également déploré le manque de transparence et de consultation démocratique autour de ces décisions. Ils ont souligné qu’une réflexion en amont impliquant l’ensemble des acteurs du système éducatif, y compris les enseignants, les parents et les élèves, aurait été nécessaire pour repenser la répartition des ressources et des moyens dans l’éducation nationale. Ils ont insisté sur l’importance d’un dialogue social dans la gestion des réformes de la carte scolaire, afin de préserver la diversité des établissements et garantir une éducation égalitaire.
Mobilisation des Établissements Scolaires
La mobilisation ne s’est pas limitée à la manifestation devant le rectorat. Certains établissements scolaires de Caen ont également organisé des actions de protestation pour exprimer leur désaccord avec les réformes envisagées. Le collège Jean-Moulin, par exemple, a opté pour une “opération collège mort” où les élèves, avec le soutien de leurs enseignants, ont symboliquement suspendu leurs activités pédagogiques pour protester contre les réformes du gouvernement.
Cette action a consisté en une suspension partielle des cours pendant une journée, afin de marquer leur désapprobation vis-à-vis de la réforme du Choc des savoirs. Cette forme de protestation, bien que pacifique, a permis d’attirer l’attention des médias et des autorités sur l’ampleur du mécontentement des enseignants et des parents d’élèves face aux réformes en cours.
À travers ces actions de mobilisation, enseignants et parents d’élèves ont cherché à exposer les lacunes de la réforme et à demander une réévaluation des mesures proposées. Les enseignants du collège Jean-Moulin ont fait savoir qu’ils étaient prêts à renforcer leur engagement pour la défense d’un enseignement équitable et de qualité, en continuant à alerter les autorités publiques sur les dangers que ces réformes pourraient représenter pour l’éducation des élèves.
Conclusion
Le rassemblement devant le rectorat de l’académie de Normandie à Caen témoigne de la fermeté croissante de l’opposition face aux réformes actuelles du gouvernement concernant l’éducation. Si les groupes de niveaux et les réformes de la carte scolaire visent en apparence à améliorer le système éducatif, les enseignants et les syndicats dénoncent une absence de moyens concrets et un accroissement des inégalités qui en résulterait. L’avenir des réformes dépendra de la capacité des autorités à entendre les revendications et à apporter des solutions plus adaptées aux besoins réels des élèves et des enseignants.